5h30, tous les matins

Par Hélène Lebon

Sauf le samedi. Et parfois le dimanche. Sinon c’est 5h30. 5h30 tous les jours. Je commence ma journée tôt, je la finis parfois tard. Je n’ai pas lu tous ceux qui - gourous, coachs ou Youtubeurs - prônent de se lever avant les autres, mais je sais que le mouvement est en vogue. Je viens d’une famille où se préparer de bonne heure est valorisé; j’ai poussé le concept à ma façon. Ça fait un trimestre maintenant, alors c’est le temps de vous dire ce que je pense vraiment de se lever très tôt.  

Se lever aux aurores, accueillir le soleil

Ça marche à tout coup quand le ciel est dégagé. Le soleil se lève après moi, et sous mes yeux bien ouverts, il met la nuit à la porte. Parfois la lune traîne, elle est splendide. L’horizon se découpe, le ciel se réchauffe et ma maison s’illumine d’un orangé enveloppant, car c’est comme ça ici, la lumière de mon île accentue le dramatique de la situation. C’est un spectacle sans nom, comme un miracle dont je suis témoin chaque matin. Peut-être que dans mes veines circule encore l’ADN de nos ancêtres qui voyaient sans doute le jour poindre avec soulagement quand ils ne connaissaient rien au feu, mais savaient tout des dangers de la nuit. Et chaque fois, je me dis que suis chanceuse. Chaque fois, je commence ma journée emplie de gratitude et d’émerveillement. Entre nous, ça fait beaucoup de jours qui commencent bien. 

Prendre de l’avance pour un luxe inédit 

Qui a le temps de prendre le temps le matin? Je veux dire qui a vraiment le luxe de choisir combien de temps octroyer à son café, à son sport préféré ou à soi, tout simplement? Moi, moi oui. Dans ces instants que personne ne peut me voler, ces moments où rien ne m’interrompt, tout est tout pour moi. Je jouis de mon temps avant d’en donner aux autres, avant de préparer le petit déjeuner de mon mari, de ranger, plier, laver. Je suis à moi, je me donne de l’importance et ce que je veux faire, pendant ce temps-là au moins, ne regarde que moi. Je suis mon centre. Cette sensation nourrit. Je suis assez. Quelle affirmation puissante! Pas besoin de le dire ou d’en avoir conscience pour en profiter. Ça m’a beaucoup aidée dans le coup de mou de l’hiver et alors que je croulais sous les dossiers, je suis assez, je me suffis. Tant que je peux compter sur moi, ça va.

Un cadre fort, un esprit flexible 

C’est devenu un repère. Je prends les belles émotions matinales comme un pré-café. Je déverse sur mes morning pages - que j’ai empruntées à notre expérience avec The Artist Way - tout ce qui encombre encore mon esprit de la journée de la veille, aux rêves en passant par la planification du jour. Trois pages, une écriture automatique - le stylo sait toujours quoi écrire et me sort les vers en prose qui s’emmêlaient dans ma tête. L’esprit clair, je me dirige vers mon tapis de yoga. Je réveille mon corps, je réchauffe mes articulations, je me prépare à la journée comme une athlète à sa course. Tantôt doux, tantôt dynamique, je me considère avant de me plier. Je prends le pouls de mon état d’âme. C’est encore inconscient, mais je sens que ça vient, je développe la capacité de m’écouter, d’écouter les signes de mon corps que j’ai souvent ignorés, quitte à frôler le burn-out. Je ne suis pas un génie et il n’y a pas de miracle, mais j’apprends. Ces repères du matin me rappellent que je ne contrôle pas tout, mais que j’ai la main sur bien des choses, plus que je ne pense.

Pas toujours facile, mais toujours récompensé

La décision de quitter son lit confortable et chaud quand il fait noir, frais et que tout le monde dort, n’est pas une évidence tous les matins quand mon réveil sonne. Mais le jeu en vaut toujours la chandelle et, avec le temps, j’ai appris que la brûler par les deux bouts n’aide pas toujours à y voir plus clair. J’essaie de me coucher plus tôt. Avec un livre idéalement et le plus loin possible des écrans. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça n’est pas plus grave que ça. La victoire du lever me dissuade d’être trop dure avec moi pour le reste. L’objectif est atteint, chaque matin, au diable les détails, je vois le «big picture» et je conjugue le «un jour à la fois». Je suis fière de moi, fière de tenir ma résolution, et ça, ça vaut tout l’or du monde.   

Comment je fais: technique et volonté

D’abord, je me couche plus tôt. Je passe rarement 23h avant d’aller au lit. Puis, je mets 2 réveils: un à 5h15, l’autre à 5h28. Et comme je déteste me réveiller avec la sonnerie, je suis souvent réveillée avant, mais ça, c’est personnel. Avec mes deux sonneries, le temps qu’il soit l’heure de me lever, je suis déjà réveillée. Ensuite, je prépare tout ce qu’il me faut la veille, comme ça je me mets sans y penser à l’écriture puis au yoga. Donc, je m’assure que ma tablette est chargée et que mon tapis de yoga est propre et libéré de tout ce qui pourrait l’encombrer. Seule dérogation? Les matins où j’ai besoin d’une tasse d’eau chaude citronnée. Je m’y mets sans plus y penser, voilà, succès.