La guerre, nos papis et l’amitié.

Par Hélène Lebon

Ils n’auraient pas été dans le même camp, mais aujourd’hui, leurs petites-filles sont amies. Chacune doit à ces années sombres de l’Histoire des trajectoires de vie qui se sont rencontrées. Loin du conflit d’alors, les deux entrepreneures que nous sommes, Reina et moi, sont les enfants connectées d’une génération qui apprend à connaître et faire connaître la richesse de notre monde.

Celui qui a failli être kamikaze

«Il y a déjà quelques années, quand je suis rentrée au Japon visiter ma famille, on a eu une conversation, mon grand-père et moi. Il m’a parlé du temps de la Seconde Guerre mondiale et imaginez ma surprise! Mon grand-père était supposé partir dans l’avion et sacrifier sa vie en tant que kamikaze pour combattre pour le pays. Heureusement, la guerre s’est terminée avant son départ et la vie a continué!». Reina est une fille pleine de vie, difficile de s’imaginer que tout se joue parfois à quelques jours ou semaines près! «Si mon grand-père était parti pour la guerre, ni ma mère ni moi ne serions nées pour continuer à partager notre tradition de thé familial non seulement au japon, mais désormais aussi à l’étranger!»

 

Grands-pères - Japon - Lebon Trait d'union

 

Celui qui a combattu sous le drapeau tricolore

Mon grand-père à moi a été combattre sous le drapeau français. Il était alors né en Algérie, d’une famille espagnole, et s’était retrouvé au front pour une terre qu’il n’avait jamais vue. Et il a été blessé. Comme je l’ai dit dans un de mes articles précédents, sans cette blessure, il n’aurait pas rencontré l’amour de sa vie, mamie Suzanne. Je n’approuve pas la guerre pour autant, mais dans un cas comme dans l’autre, Reina et moi sommes là. Nos trajectoires se sont croisées et une amitié est née. Mais ça n’est pas le seul point commun, nos grands-pères et la guerre.

 

Grand-père - France - Lebon Trait d'union

 

Des valeurs communes

On a aussi la chance de venir de familles inspirantes qui, je crois, nous ont appris des valeurs fortes et communes. «Mon grand-père est un vrai Japonais, qui aime travailler! Il a 89 ans et chaque matin, il ouvre sa boutique à Tokyo. Je suis très admirative de sa passion et de son dévouement.», explique mon amie. Papi François aussi était de ceux-là. Tailleur de pierre de profession, il faisait plusieurs jardins pour subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. Ma maman m’a souvent parlé de lui comme d’un homme travaillant. C’est une chance. Nos grands-pères nous ont transmis des valeurs similaires, ce goût du travail bien fait, de l’effort qu’il faut mettre, de la fierté qu’on en tire. Reina et moi avons encore ça en commun qu’on les voudrait fiers de leurs petites-filles entrepreneures.
Créer et faire prospérer une compagnie dans le pays qui nous a accueillies, c’est tout un défi et je pense que chacune de nous valorise la chance de s’être trouvées. J’ai appris de Montréal que rien n’est impossible pour peu qu’on ait une communauté sur laquelle s’appuyer et la même envie de partager.

janvier 21, 2021 — Hélène Lebon

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