LUCIE_ET_MARTIN_LOVE_Y_AMOR

Par Hélène Lebon


Ils se regardent avec tendresse et se donnent un bec même pour aller au dépanneur. Ils ont le sourire et la complicité de jeunes tourtereaux et pourtant, ce n’est pas vraiment leur premier rodéo. À eux deux, ils ont 6 enfants, de 10 à 21 ans. Eux Lucie et Martin.

Ils ont une drôle d’histoire, une vie de résilience et comme vecteur commun, notre mariage à Mario et moi. Ça fait des années qu’ils se connaissent. «J’ai appelé son fils mon deuxième garçon pendant longtemps, explique Lucie, parce qu’il jouait avec le mien. Ils étaient tout le temps ensemble. On habitait proche et ils faisaient du hockey ensemble». Mais comme leurs garçons qui ont pris des chemins différents, eux ne se sont jamais vus que comme des voisins, des parents de gamins amis.

Et puis il y a eu le mariage, l’étincelle, Cupidon, l’ambiance d’amour qui régnait ce 19 octobre, que sais-je. «C’est aussi que Lucie m’a toujours plu, mais je ne l’ai jamais regardée parce que c’était l’ex-femme de Mario. Quand il a dit que je pouvais me lancer, je n’ai pas vraiment hésité» lâche Martin dans un sourire complice. Lucie le regarde amoureusement, j’ai l’impression qu’ils revivent leur coup de foudre inattendu. Peut-on tomber subitement en amour de quelqu’un qu’on connaît depuis longtemps en une soirée à peine? Je les regarde, enfoncés et collés dans le sofa de mon salon; on dirait que oui.

Un mois après leur étincelle, Martin se lance. Un message pour l’inviter au party de Noël de sa job. Lucie dit oui. Je me souviens, il était chez nous avant d’aller la chercher ce jour-là. Besoin d’une approbation de son vieux chum? Peut-être. Ou simplement un peu de force, avant de se lancer. Finalement, finissant la phrase l’un de l’autre, ils me soulignent que c’est Lucie qui lui a proposé de monter boire un verre, puis de rester. «Mon seul regret, c’est de ne pas l’avoir invitée avant!» souligne Martin.

Les enfants de Lucie et Mario sont dans la pièce à côté quand nous faisons l’entrevue. Les amoureux baissent parfois le ton quand ils abordent leurs sentiments ou leur intimité. Je continue pourtant mes questions. J’aime leur histoire: l’ex de mon mari et un de ses meilleurs amis assis dans notre salon pour parler d’amour. Parce que je pense que c’est encore ça, le plus important. «Pour moi, c’est comme si j’avais gagné à la loterie! Martin croise le regard de Lucie. Depuis le roadtrip qu’on a fait, me lance-t-il, j’ai trouvé une job que j’aime et maintenant l’amour! Elle a changé ma vie!».

Lucie le regarde à mainte reprises. Chaque fois, il attend qu’elle finisse sa phrase. Sa diction est presque parfaite, mais l’AVC qu’elle a fait à 24 ans la frustre encore. Avec patience et amour, il la couve du regard. Elle est belle dans ses yeux. Sa taille de guêpe, ses petites attentions et le courage d'avoir changer de carrière pour devenir massothérapeute. Il est fier quand il regarde celle qu’il aime. Elle, elle a des ailes. Celles qui vont de pair avec la joie d’être heureux à deux. Il lui donne la force et la foi de vivre ses rêves. Elle a quitté sa job de commis comptable qui l’a maintenue financièrement pendant 7 ans mais bouffée aussi. Elle a décidé de partir à son compte. «Je ne l’aurais pas fait sans lui. Il y a des semaines où ça va, mais des fois, je n’ai pas beaucoup de massages donc pas beaucoup de revenus» confie-t-elle.

Mais Martin lui rappelle qu’il s’en fout. «De l’argent, je n’en ai jamais eu beaucoup. Pour moi, ce n’est pas l’important. Et puis de toute façon, là, j’ai un salaire qui est suffisant. Pour moi, savoir qu’elle est allée faire de l’équitation avec sa fille, ça me rend heureux. Ça, ça n’a pas de prix». On sent son coeur de femme et de mère qui fond.

Je leur demande si les enfants ne sont pas un frein pour vivre sa «vie d’amoureux». Les grands à côté sont au comble de la gêne. Martin joue le jeu de l’entrevue. «Non, on est des parents, donc on sait ce que c’est de vivre avec des enfants. Quand ils sont là, on se tient tranquilles! Ha! Ha! Ha!» Son rire à lui est sonore. Elle plonge ses yeux dans les siens. Dans la vie, ces deux-là en ont vu des vertes et des pas mûres. Dans la vie, ils ont eu la chance de graviter autour de Mario. Je dis la chance, car je sais qu’ils l’aiment beaucoup. C’est un pilier, une référence. Moi, je suis là, témoin, mais aussi là, à les accueillir, aujourd’hui comme d’autres fois. Je suis là, témoin de cet amour de milieu de vie, cet amour de quarantaine, du temps de profiter de la vie. Les enfants sont déjà faits et presque tous grands, la jeunesse n’a laissé que sa fougue et l’expérience n’a pas gommé les papillons.

Je les regarde, contente de voir en eux le fruit de notre mariage, la force de la résilience, la puissance de l’humain pour se réinventer. Car il n’y a pas d’âge pour suivre ses rêves. C’est ce que j’en retiens. C’est ce que je vois en eux. Eux, ce couple improbable, dont les enfants se connaissent depuis longtemps, mais n’imaginaient pas devoir un jour peut-être se retrouver pour Noël.

mars 20, 2020 — Hélène Lebon

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