Love y Amor : spécial littérature

Pour ce Love y Amor, Cheryl et moi avons décidé de l’écrire à 4 mains et plutôt que de vous raconter l’histoire de quelqu’un, on vous suggère des récits de personnages! Ce mois-ci, on vous présente des histoires d’amour qui nous ont marqué dans la littérature. Heureuses ou malheureuses, un peu partout sur la planète, avec des styles et des auteurs bien différents, on est allé dans l’éclectisme pour cette sélection littéraire internationale. 

Les recommandations de Cheryl 

Chocolat Amer : une vie en recette, un coeur en cuisine (MEXIQUE)

L’histoire de Tita et son amour impossible nous fait souffrir, rêver et rire. Dans un contexte social trop conservateur et une certaine turbulence politique en trame de fond, on assiste aux luttes internes et externes de la protagoniste. Sa vie se passe dans la cuisine, et jusqu’alors elle n’a pas été maître de choisir ce qu’elle voulait en faire. Pedro, son amour, s’est marié avec sa sœur, parce que Tita étant la cadette et elle se devait de rester célibataire pour prendre soin de sa mère, une mère frustrée qui la maltraitait et l’humiliait. Mais la cuisine devient son refuge et cuisiner devient le moyen d'exprimer ses émotions. Des épisodes magiques nous dévoilent le pouvoir de Tita pour transmettre la nostalgie, la chaleur des désirs sexuels, la joie dans les plats qu’elle sert. Elle change la vie des gens une recette à la fois et se libère un peu en libérant les autres. 

Les amours impossibles m’ont toujours attirée, peut-être parce que ce type d’amour reste toujours dans la perfection idéalisée du platonique. Un amour qui ne se concrétise pas, c’est un amour qui ne s’abîme pas à force de routine et n’est jamais éclipsé par la quotidienneté imparfaite. Alors bien-sûr, ça fait rêver, non?

Chocolat Amer, Laura Esquivel (1989, 256p)

Cent ans de solitude : l’incontournable saga (COLOMBIE)

Ce livre est un emblème du boom littéraire latinoaméricain de la fin des années 60 et du courant qu’on a appelé le « réalisme magique ». L’intrigue commence avec la fondation d’un village fictif appelé Macondo, par un couple qui est aussi le pilier d’une véritable dynastie: la famille Buendía. À Macondo, tous les personnages des sept générations de la famille Buendía font face à leur destin, marqué par une malédiction, une sorte de prémonition: “...les lignées condamnées à cent ans de solitude n’avaient pas de seconde chance sur la terre”. Et bien que, « l’amour » ne soit pas toujours au centre des événements, les personnages sont généralement surpris par la rencontre avec le sentiment amoureux. Souvent impossibles, souvent interdites, souvent absurdes, quand ces passions surgissent, les histoires se transforment avec des rebondissements inattendus. Les amours de Cent ans de solitude peuvent être parfois bizarres ou folles, mais à mon avis, la caractéristique principale de ces histoires d’amour c’est d’être à la fois irrésistibles et inévitables! Évidemment, les personnages vont essayer d'échapper aux dilemmes insupportables auxquels ils sont confrontés, mais sans succès. Chose certaine, ce roman nous rappelle que les merveilleux moments de passion et l’expérience de l’amour semblent toujours mériter les risques et les infortunes qui l’accompagnent! 

Cent ans de solitude, Gabriel García Márquez (1967, 437p)

 

Love y amor - spécial littérature

 

Les recommandations d’Hélène 

Un café avec Marie : un amour de petites choses (QUÉBEC)

Je lisais ce livre paru en mars 2021, mon premier de Serge Bouchard je l’avoue, quand la presse a annoncé son décès ces derniers jours. Une vague de tristesse m’a envahie pour cet inconnu que j’apprenais à connaître sous les lignes justes des anecdotes de vie, petites et grandes, qu’il a consignées dans “Un café avec Marie”. J’ai choisi de mettre cet ouvrage dans notre article parce que c’est un hommage à sa conjointe Marie décédée un an et demi plus tôt, parce que c’est un recueil qui se lit comme des post-it et qui grave à jamais des épisodes de vie : s’aimer, réfléchir, jaser ou juste être côte-à-côte, adopter, grandir à deux et prendre ensemble le café, n’est-ce pas là un bel amour? Le café comme un repère, les foutus repères qui s’en vont quand l’autre part. Une histoire d’amour, c’est des petits riens qui laissent un grand vide quand l’autre disparaît mais qu’ils valent la peine d’être partagés et conservés. L’amour, c’est un héritage, c’est une chance aussi et ça finit par nous être repris avec la mort, mais en lisant Serge Bouchard on comprend que ça vaut 100 fois la peine d’être vécu. 

Un café avec Marie, Serge Bouchard (2021, 272p)

La nuit des temps : la conscience de ce qui ne change pas (FRANCE)

Lors d’une mission en Antarctique, des scientifiques découvrent les reliquats d’une société perdue. Éléa est réveillée par les équipes qui la découvrent dans son œuf doré bien conservé. Tout droit sortie d’une civilisation ancienne en péril, elle avait été « sélectionnée » pour être la dernière représentante de sa race en extinction, contre son gré. Contre son gré car elle, aimait Païkan et préférait vivre ses derniers instants avec lui plutôt que de reposer dans cette capsule jusqu’à un réveil clinique et hypothétique. Il y a un homme à ses côtés, en plus mauvais état qu’elle, qui ne se fait réveiller qu’en second par les scientifiques. Trop tard, ce qu’elle n’avait pu refuser dans le passé, elle y renonce aujourd’hui sans savoir le geste d’amour qui avait suivi sa mise en sommeil. C’est un roman de science-fiction, d’anticipation. C’est un roman de 1968 qui montre que peu importe l’époque, les battements de nos cœurs sont un son puissant, unique, invariable qui nous poussent parfois à des décisions extrêmes. Et la tête dans tout ça? La tête quand elle n’a pas toutes les informations laisse la place aux sentiments et comme lecteur, on se sent impuissant… 

La nuit des temps, René Barjavel (1968, 317p)

 

Love y Amor : spécial littérature 

 

Le restaurant de l’amour retrouvé : digérer la peine et revivre (JAPON)

D’entrée de jeu, disons que j’ai un parti pris pour cette littérature japonaise fine et poétique capable de rendre au quotidien une beauté qu’on lui oublie. Ensuite, la bouffe, l’acte de nourrir, le soin de la cuisine est là aussi une de mes choses préférées de la vie et voilà que ce roman les concentre l’une et l’autre, ça part bien. L’histoire ensuite, c’est la cerise sur le sunday d’un menu prometteur. On commence par une rupture amoureuse, puis une nécessaire rupture du quotidien. Puis il y a les prunes de mamie, le bus du retour, l’exil dans son village natal et sa mère. Pas facile en partant pour notre héroïne. Racines, ressourcement. C’est un roman de cicatrices d’avec l’amour, d’avec la mère, d’avec la vie et les autres, c’est du kintsugi pour lequel l’or est devenu des petits plats et vous aussi, vous finirez ce livre délicat en rêvant de mettre les pieds sous la table de l’Escargot, car quitte à manger vos émotions, autant croquer la vie comme elle vient. Peut-on manger la vie? Oui, et n’en laissons pas une miette. 

Le restaurant de l’amour retrouvé, Ito Ogawa (2015, 224p)

 

Love y Amor : spécial littérature

mai 14, 2021 — Lebon Trait d'union

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d’être publiés.